Parlons de môa

Publié le par Clara

 

Il y a quelque chose de plus haut que l'orgueil, et de plus noble que la vanité, c'est la modestie, et quelque chose de plus rare que la modestie, c'est la simplicité.
Rivarol
Extrait de L'Esprit de Rivarol

J'avais envie de parler de l'orgueil. J'ai trouvé toute une tripotée de citation sur ce péché capital, mais c'est celle ci-dessus que je préfère.
C'est quelque chose qui m'interroge beaucoup, l'orgueil, pour la bonne raison que je suis persuadée d'être sérieusement atteinte d'orgueil. Pour tout dire, j'en tire même une certaine fierté - un comble- ! Pourquoi ? Eugène Ionesco m'aide à répondre :
Si écrire, agir, c'est une manifestation de l'orgueil, ne pas vouloir écrire, agir, faire, ce peut être encore de l'orgueil.
Ecrire, agir, est une manifestation de l'orgueil, tout à fait. Je ne comprends pas vraiment la fin de la phrase de Ionesco, cependant.

Je m'explique. Je reste persuadée que c'est l'orgueil qui me pousse en avant. J'ai besoin d'être appréciée de moi-même, mais aussi des autres (là on frôle la vanité : Nous vivons tous entre notre vanité qui nous perd et notre orgueil qui nous sauve, dixit Jean Guéhenno). Je pense que l'orgueil m'a sauvée, d'une certaine manière. Parce que, paradoxalement, je n'ai pas une grande estime de moi (ce qui me sauve de la vanité).
Hein, quoi ?

Mais oui, essayez de comprendre : si l'on n'a que peu de confiance en soi, comment aller de l'avant sans orgueil ? Je l'ai construit, mon orgueil, je l'ai bichonné, je l'ai cultivé. Ce n'est pas évident de cultiver un péché capital, croyez-moi, surtout quand on a été élevée par la Comtesse de Ségur. L'avantage c'est que j'en suis pleinement consciente, puisque je l'ai créé de toutes pièces, exprès, rien que pour me sauver.Ionesco dit que ne pas vouloir écrire, agir, faire, ce peut être encore de l'orgueil. Je suis incapable de comprendre ça. J'ai une admiration infinie pour ceux qui n'ont pas besoin, comme moi, non seulement de créer mais d'exposer ensuite leurs créations aux yeux de tous. Pour moi, ces personnes qui arrivent à ne pas être aussi agitées que moi, aussi fiévreuses de faire et montrer, pour moi ce sont des personnes d'une sagesse infinie. Ce sont elles qui ont la confiance en soi qui me manquent. Elles n'ont aucun besoin d'orgueil, elles.
A elles la modestie, à elles cette simplicité que je bade avec envie (fille d'orgueil, vous remarquerez).
J'éprouve une admiration sans borne envers la simplicité. Parce que j'en suis tout bonnement incapable, de simplicité.
Je suis irrémédiablement attirée vers les gens "simples" (de cette belle simplicité dépourvue d'orgueil). J'aime aussi beaucoup ceux qui ont un orgueil semblable au mien, l'orgueil de la dernière chance en quelque sorte. Par contre j'éprouve une haine viscérale envers les vaniteux, parce que je sens bien qu'il suffirait d'une pichenette pour que je bascule de leur côté.

 

 

Publié dans Clara

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C
Oui on en a souvent parlé toutes les deux, hein. On a du mal à se comprendre de ce côté-là, et on s'admire mutuellement d'être si différentes ! Et à chaque fois qu'on en parle, on bloque là : quand tu me dis que j'ai du courage de m'exposer. A chaque fois je te réponds que ce n'est absolument pas du courage, sauf quand il s'agit de parler en public là oui, il m'en faut une bonne dose, mais s'il s'agit juste de me faire lire par plein de gens, là non c'est de l'orgueil. Je reste peinarde dans l'ombre, et je me dis avec délectation qu'on lit mes mots, que les gens plongent dans mon univers, c'est non seulement délicieux mais en plus j'en ai besoin.
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L
ma chère Clara, comme cet article me parle... mais moi justement je comprend la deuxième partie de la citation : je t'explique: mon père justement me reproche de ne pas avoir développé un "don" (j'exagère- il exagère) mais moi, je sais pourquoi : par pure flemme, et par orgueil... celui de la peur d'être critiquée par les autres... de cette façon, dans l'ombre, je demeure the best of mon don, tranquille, finaude, du genre "oh, moi.. si vous saviez...", tu vois, le comble! Moi de mon côté je t'envie, je vous envie, d'avoir le courage (et pas l'orgueil) de vous exposer! ça, c'est très très fort... de plus, d'une certaine façon, vous n'avez pas perdu l'idéal salvateur, celui qui songe à rendre la vie des autres un peu plus douce... bravo! c'est même de la générosité, tu vois.....
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