Constructions épiphaniennes

Disons-le
Les choses sont claires :
Elles ne le sont pas.
Ainsi soient-elles.
Elles perdent leurs plis
En jouant à chat
C'est la souris
pourtant que j'avale
Je la croque si bien
qu'elle me le rend :
tiens.

C'est ta tête
Que je veux décrocher
comme on décroche
la lune
Pour mieux la porter
Dans mon coeur en ruine,
Tendu et martelé.
Les coups sont là
Ainsi soient-ils
Regarde-les
Cratères scellés
Remplis de toi
De mes pensées...

Je ne suis pas
Celle que l'on voit
Je ne suis pas
Celle que je crois
Ainsi soit je
Je suis ici
Je suis là-bas
En partance, en voyage
En transe, en paysages
Du monde
Du fil
Et de l'infini
Je suis pour toi
Celle que j'envoie
Celle qui oublie
Celle qui se lie
Qui parle trop
Qui parle bien
Et pourtant
Qui ne lâche rien.
Les mots
Ainsi soient tus.
 
Quand je plie
Je plie vers toi
Quand je coule
Je coule en toi
Quand je pleure
C'est ton visage
Que creusent mes larmes
Il est une page
remplie de lignes
de ronds, de signes
Que je connais
que je désigne,
Que je peins.
Pigments traces lumière
Ainsi sois-tu.

Quand je marche
Je marche droit
Quand je rêve
Mes rêves titubent
Quand je crie
Je crie la pluie
Quand je meurs
Toujours je revis
Quand je te vois
Je me vois en toi
Frère de mes nuits
Ainsi soit nous.

Si la nuit
était aussi la  vie
C'est la vie
Qui serait endormie
Si le jour
était moins clair
C'est nous tous
qui serions amers
Dans le clair-obscur
Tout est plus sûr,
Tes mots, ton air
Et ton azur.
Tu es le monde
Tu es leur âme
Tu es humain
A tous, tu lances :
Ainsi soit vous.
Ils te le rendent bien.