Garpisme

Publié le par m


Garp est le seul écrivain que je connaisse qui court régulièrement. Et dont les répercussions dans la vie des récits qu'il commet jouent un rôle également sur ce qu'il peut écrire. Le livre est drôle, souvent. Peut-être pas les siens. Il y a toute la mécanique de précision de l'inéluctable, du drame, qui exprime par sa plastique ce qu'étaient au fond les choses. Il n'y a pas de jugement. Chaque personnage existe à son tour, même Mrs Ralph. Le titre du livre est comme souligné par un autre récit, qui tient dans le drame, ou à cause de celui-ci, une place centrale Le monde selon Bensenhaver, - qui expulse du même coup, ad patres, le titre réel vers une somme improbable, jamais quantifiée ; Le monde selon Bensenhaver ne sera connu qu'à titre de résumé - seul le premier chapitre est écrit, on pourrait dire, publié. La femme de Garp, bien que je ne connaisse pas encore la toute fin du récit, sa femme ne lui pardonnera jamais ce qu'elle ne parvient pas à oublier, si l'on peut dire sa faute, la non lecture de l'horloge des événements ou l'impossibilité d'accepter ce que le destin lui inflige. On ne sait trop si c'est encore rester à ses côtés ou s'il s'agit du choc qu'il a pour ainsi dire, provoqué.  Le livre ne dit rien là dessus. Mais il parle en détail de la blessure la suture des choses, de l'absence des choses quand elles tournent au drame, et que le corps s'absente, reste en marge, devient le réceptacle d'une douleur que l'esprit, l'âme ? ne parvient plus à absorber. Sa femme ne le lira plus, ne parviendra plus à lire cet univers de la blessure. Ils y perdront, dans la carcasse des deux voitures, un fils, l'oeil presque le visage d'un autre, le sexe d'un amant, une bonne part des vertèbres de la mère, la langue de l'écrivain. Pour une part, le récit - pourquoi l'autre, reste de fantaisie, une sorte de tampon amovible quant à l'esprit des choses, ce que Dickens et le baroque de ces personnages acceptaient, autrement. A distance, comme s'il s'agissait de trouver la distance juste, le lieu d'où peuvent parler les choses, évoluer les personnages, et puis constater, tout charme rompu, puisqu'à son tour le roman porte son ombre flou sur cette vie d'ici-bas, que quelque chose ne passera pas, pas en marge, pas ainsi.

Suit une photo des Irving, père et fils, lutteurs,


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mais celle qui devrait suivre devrait être l'autre, avec ce que cache l'homme de la Croix Rouge, l'innommable, pas même son visage ; ce qu'on ne devait pas montrer.

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M
Ah oui, merci Bernard !J'ai trouvé juste en tapitant "arronzo", le lien ne marchait pas, vous en connaissez un rayon en littérature, en plus le passage (pour moi, hein) est des plus magnifique. J'ai moi-même un magnifique arronzo tout fané sur mon balcon, savoir qu'en faire, encore...Garpesquement votre (je me demande bien - au passage - comment vous avez dégotté cette belle plante...)
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B
Monsieur MGarpisme n'existe pas dans le dictionnaire. Mais "Arronzo", cela existe-t-il ? Jetez un coup d'oeil  à cette adresse et vous devriez retrouver quelques amis de passages... littéraires.gardenbreizh.org/forum/viewtopic-3209-11-arronzo-ca-vous-dit-quelque-chose.htmlBien à vousBernard
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