l'écoute

Publié le par m

Quelque chose passe qui fait du bruit, on essaie de ne pas savoir quoi. Ni comment. Pourtant ça passe. Quelque chose fuit nuitamment, parfois aussi le jour pourvu qu'on se retire, qu'on puisse se croire seul. Et puis aussi les respirations, les paroles et le regard, et l'absence de regard. Et tout ce qui se retrouve quand on se penche, là dessous. Ou plutôt au dessus, quand les choses se retrouvent perdues. Quand elles flottent vaines quelque part. Quelque part ailleurs. Sans rien entre elles et finalement ce qui ne cesse de couler. Quand rien ne les retrouve, sans faux-fuyant, sans rien que la peur qui s'estompe, devant le corps de l'autre. L'autre du corps. Devant l'absence de sa propre peur. Sans rien en perdre ni gagner que de se retrouver ailleurs. Dans quelques mots qui ne se retrouveraient non plus pas autrement, pour répondre à Barbouille ce serait cela que les mots ne puissent pas se retrouver autrement, et ensemble, qu'ici. Pour ce qui nous serait donné d'impalpable, et dans des lieux lointains, qu'il en iraient de conquête, de chemins et de terres, ici contre là-bas, et sans même se connaître n'y rien changer aller voir ce qui serait la terre même. Le lien est effacé mais la faculté de se mouvoir de bouger de rester immobile autorise quelque chose à rester entre nous contingents et liés malgré tout. Les signifiés se retrouvent ailleurs il y a comme un léger bouger que font les mots en apesanteur le mieux serait en apesanteur d'écrire des histoires simples avec ces drôles de mots détachés de tout ce qui les fait d'habitude structure retomber en état d'insomnie rêver entre nous de tout ce qui resterait impossible puisque presque oublié ; le nom de la haie qui rougit dans le jardin, ce bassin resté vide et puis l'eau qui n'arrête pas de couler, du grand puits aux oiseaux jusqu'au tuyau minuscule écouter l'éboulement du jour.



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R
Il faut s'établir à l'extérieur de soi, au bord des larmes et dans l'orbite des famines, si nous voulons que quelque chose hors du commun se produise, qui n'était que pour nous.
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M
Peut-être plus du côté du "bruit d'abeille", de Cyrano qui dit aussi quelque chose de l'impossibilité d'avoir un corps, et de le dire, de le porter, pourtant. Pour les références, je sais pas je connais pas bien, ou quelques trucs, et si je puis le dire ben je préférerais te lire, ou un des personnages, toujours trouvé que les chose aussi avaient plus de sens de force lorsqu'il y avait dialogue ou proximité (je sais que ça n'a pas bonne presse, que ça fait pas littéraire, mais je trouve que c'est une des qualités (ou un défaut de cet objet-blog par nous gratuitement et fortuitement créé ( et aussi par exemple la poésie de William Carlos Williams))) ou quelque chose du style, et encore plus de quelques uns des  tiens.
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B
Merci de ta belle réponse.Ce que tu dis de l'écoute semble aussi parler de l'acte de lire ou de son anagramme "lier".Re-lier ici  à l'ailleurs : un chemin virtuel pavé de mots bien réels que nous empruntons à l'existence pour dire que quelque chose passe "qui fait un bruit d'abeille" comme dans Cyrano...quelque chose de la contingence de ces mots que l'on écrit ici et qu'ici.Deux éclats qui m'attirent : les "signifiés" sont autour de nous, ailleurs que sur la toile et cependant,  les mots que nous empruntons signifient tant de nous...et puis ces "lieux lointains", ce tout "presque oublié", me font dériver vers Jung et Pascal Quignard (pour ce que j'en connais) : penches-tu de leur côté ?
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L
C'est très beau, et j'adore Ponti aussi. Merci.
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C
Et en plus, du Ponti en illustration. Cela va bien, oui, c'est comme ce texte : touchant et beau, pudique et mystérieux, couleurs pastel, formes rondes et mouvantes, lignes parties hors de la page, structure décousue et fantaisiste, le tout chargé d'un sens qui ne serait directement accessible qu'aux esprits enfantins ou légers de souvenirs microcosmiques.
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