l'écoute
Quelque chose passe qui fait du bruit, on essaie de ne pas savoir quoi. Ni comment. Pourtant ça passe. Quelque chose fuit nuitamment, parfois aussi le jour pourvu qu'on se retire, qu'on puisse se croire seul. Et puis aussi les respirations, les paroles et le regard, et l'absence de regard. Et tout ce qui se retrouve quand on se penche, là dessous. Ou plutôt au dessus, quand les choses se retrouvent perdues. Quand elles flottent vaines quelque part. Quelque part ailleurs. Sans rien entre elles et finalement ce qui ne cesse de couler. Quand rien ne les retrouve, sans faux-fuyant, sans rien que la peur qui s'estompe, devant le corps de l'autre. L'autre du corps. Devant l'absence de sa propre peur. Sans rien en perdre ni gagner que de se retrouver ailleurs. Dans quelques mots qui ne se retrouveraient non plus pas autrement, pour répondre à Barbouille ce serait cela que les mots ne puissent pas se retrouver autrement, et ensemble, qu'ici. Pour ce qui nous serait donné d'impalpable, et dans des lieux lointains, qu'il en iraient de conquête, de chemins et de terres, ici contre là-bas, et sans même se connaître n'y rien changer aller voir ce qui serait la terre même. Le lien est effacé mais la faculté de se mouvoir de bouger de rester immobile autorise quelque chose à rester entre nous contingents et liés malgré tout. Les signifiés se retrouvent ailleurs il y a comme un léger bouger que font les mots en apesanteur le mieux serait en apesanteur d'écrire des histoires simples avec ces drôles de mots détachés de tout ce qui les fait d'habitude structure retomber en état d'insomnie rêver entre nous de tout ce qui resterait impossible puisque presque oublié ; le nom de la haie qui rougit dans le jardin, ce bassin resté vide et puis l'eau qui n'arrête pas de couler, du grand puits aux oiseaux jusqu'au tuyau minuscule écouter l'éboulement du jour.