Inaccompli. "ce cercle inaccompli qu'est sa vie" (Blanchot)

Publié le par m


Il y a peut-être mille ans
Tu t'assois, en silence,
Et tu traces au bord d'un fleuve
Ce qui pourrait être
Des mots d'ici.
Tu ressens contre toi
A mille ans d'intervalles
Les cercles concentriques
De la pierre que tu lances
Comme une grenouille,
Dans l'eau.

Le silence est écrit
Comme l'oiseau qui reste
Quand tu refermes les lèvres du monde
Sur ses bords.

Tu l'écoutes
Il semble dicter
Ce que l'on appellerait des
Notes bleues
Ou
Des
Sillons
De la terre

La lumière du soir.

Tu tentes d'en parler
Mais
Le silence entre doucement
Dans ta bouche.

Tu tentes de le contourner
Tu te promènes sur les sentiers qui font le tour de l'île
Et du semblant des côtes à
La mer.

Tu tentes de retenir
Dans la chute des corps
Ce continent
Qui faisait le singulier attrait de l'oubli.

Tu découvres
Dans ce qui ne s'ouvre pas
Ce qui fondait la possibilité
L'obligation
De dire.

Tu n'ouvres pas la bouche.

Tu te déplaces un peu.
Pour ne plus voir ton ombre.

Le soleil se retrouve derrière toi, pourtant.

Mais quelque chose se créé
Qui ne saurait exister
Sans dire.

Dans ce réseau
Quelque chose existe.

Qui te tient, là
Quelque part par le centre
Qu'il s'agit de lier
A ta chute
Les refus,
La liberté de
pouvoir parler,
S'écrit.

(Peut-être pas le trajet
Peut-être un événement
Une particule
La rencontre entre l'ouvert et le fermé
- le sillon, le retour -
La lecture et les pas
La sensation d'avoir dit
- ou pas -
l'urgence, ou non, des derniers mots,
des pénultièmes
de la forme qu'entretient avec nous - le livre -
le fin réseau serré - des existences
- des liens plus ou moins lâches -
et de la volonté d'exercer quelques actions
- quelque geste -
dans le silence qu'exaucerait)
Un voeu.

Une parole inaccomplie
Car lançée
Rompue contre cela même
Qu'elle suggérait
Contre l'absence de vent
D'un paysage mouvant et abstrait.

Non pour se faire reconnaître
Pour tourner sans fin.
Pour contourner sans fin,
Pour rester avec elle
Perception silencieuse,
Comme une soeur

Pour être son propre oubli
Son devenir, sa cohorte de cendres.

Tu parles encore

Quand il n'y a plus personne




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A
Evidement, évidement, c'est trés beau et évidement ça me parle: Le silence, la présence par l'absence, et toutes ces images suggérées...Merci!
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C
Mince...Je sais plus quoi dire à tout ça, moi.Sauf :Le phénomène dimanche soir-lundi matin, c'est comme museler une grande partie de soi-même, peu à peu (ça commence vers 18h00 dimanche soir). Moi j'essaie de faire durer quand même jusqu'à la dernière minute (voyez je vous écris à 8h26, je commence à 9h00). Et puis recherche constante vers une évolution de profession, un changement de collègues, de lieux qui me permettraient de moins me museler. J'essaie de plus en plus de faire déborder l'intérieur vers l'extérieur. Question de survie. Je crois que j'entrevois un truc, mais avant faut encore en baver (je ne l'accepte pas, et c'est pour ça que c'est dur).
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L
Ben voilà, je fais durer le plaisir jusqu'à la fin.. Zavez-vu l'heure?Ad va bien, il a promis une RAN pour bientôt..gros poutous à tous et bon courage pour demain... gloups!
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B
Faire un voeu, c'est cela. Ecrire, c'est faire un voeuUn  voeu, c'est cela que tu dis m : un galet lancé dans le temps.Pour ta question du commentaire 2 : on peut parler de notre vie sexuelle, ah bon ?En la matière j'ai un énorme machin, et puis paf, on y est, beaucoup de plaisir pour toutes mes partenaires (toujours plus de trois). j'assure vraiment et puis zwing, je me lève, ne bouscule personne mais le film X est terminé alors bon, le réveil est douloureux (pour mes partenaires aussi, remarquez...)Pour ce qui prendrait cela au sérieux, je précise que c'est de l'humour (au cas où...).Et en passant de l'âne (que je suis) au coq qu'il est : où est passé monsieur Ad ?
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P
j'aime ce texte de toieuh....ta dernière question me plonge dans la perlepxité(apparemment le phénomène dimanche soir me rend dyslexique)
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