Momo

Il est à la terrasse du bar de « Loule », il est chez lui, ici pas grand monde ne lui disputerait ce privilège. Momo, naguère était celui que l’on craignait, même Mimoun baissait les yeux devant lui, les flics le vouvoyaient, homme d’honneur, il n’admettait aucune incartade, beaucoup se souviennent encore de ces coups  d’éclats. Il est inoffensif, assis, il scrute, il est en contemplation, il entend encore les gens l’interpellaient « Oh Momo », c’était hier, l’autre jours, il y a longtemps. Il est toujours aussi grand, la voix toujours aussi grave, presque terrifiante, un regard de reproche, rarement de sourire sur ses lèvres. Il est malade, maladie de l’age, du temps, des poumons, putains de clopes. Le matin il est assis  à cette terrasse, puis il achète son pain et rentre, il ne ressort plus jusqu’au lendemain. Soudain de sa terrasse, il se soulève, avance vers un inconnu, le prend dans ses bras, l’enlace, l’embrasse, le fait asseoir à ces côtés, commande un café pour lui. Ils parlent d’avant, l’inconnu prend de ces nouvelles, lui lit quelques documents administratifs, lui en remplit d’autres. Les passants sont intrigués, qui ose s’asseoir avec Momo, qui ose rire devant Momo, les clients du bar désabusés attendent que Momo entre dans un colère noire et renvoie ce minable inconnu dans ces pénates, comment oses-t-il lire le courrier de Momo ? Comment ose t il « matter » les filles qui passent en présence de Momo ?

C’est un fou.

Non, c’est moi.