La cantate du café

Publié le par Clara

Cette cantate baroque, qu'on disait comique à l'époque, pourrait bien illustrer les origines de notre café d'ici et d'ailleurs. Il existait ce qu'on appelait des Cafés géographiques, où l'on écoutait de la musique, où l'on racontait ses récits de voyage, où l'on continuait ensuite, dans les bistrots, de parler de tout ce qui passionne.
Ecoutez, et lisez :

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Bach a écrit ce qu’on appelle commodément des cantates « profanes » comme il en faisait pour les anniversaires de la cour de Dresde et de Weimar, pour la nomination des professeurs de l’université, les mariages, les fêtes du conseil ou de l’école. Certaines sont connues comme la Cantate de la chasse (pour l’anniversaire du duc de Saxe en 1713), celle des paysans ou celle du berger (1725). Celle du café l’est parce qu’elle a sans doute été jouée plusieurs fois, l’été à 16 heures dans les jardins de la Windmülhengasse que la « maison de café » (ainsi qu’on nommait les cafés à l’époque) Zimmermann possédaient hors les murs de Leipzig, et peut-être en hiver, rue Sainte-Catherine à 20 heures.

Ici, Bach s’inspire d’un texte de Picander sur la « cafémania » qui s’est emparée de l’Europe. Cette saynète raconte comment un père, Schlendrian, tente de dissuader de la manière la plus forte, sa fille Liessgen de boire du café.

Le premier Café remonte à 1694, le Café Baum (fréquenté plus tard par Goethe, Liszt, Wagner) qui est très vite un lieu de rendez-vous et donnera l’idée à d’autres entrepreneurs comme Heinrich Zimmermann de s’y mettre aussi. Car les Cafés présentent l’avantage de n’exiger aucune contrainte sociale, comme dans les Salons où il faut être introduit, bien habillé, bien né.

Dans les maisons de café, le service du moka est bien contrôlé : l’Etat garde le monopole jusqu’en 1763 (fin de la guerre de Sept ans), d’où les taxes qui rendaient le produit cher et, de fait, réservé aux bons bourgeois.

La sociabilité qui caractérise le monde germanique se manifeste aussi par l’usage de concerts dans ces maisons. Le
Collegium Musicum qui a été fondé par Telemann est une institution dirigée par J.- S. Bach entre 1729 et 1739, donnait à entendre à un public de mélomanes éclairés des cantates profanes et de la musique instrumentale : sonates en duo, en trio, pièces pour instrument seul, concertos pour violon, clavecin, hautbois… Leipzig et la ville voisine de Dresde attiraient alors de nombreux musiciens venus rencontrer le célèbre Cantor de Saint-Thomas. Ainsi, l'établissement du cafetier Zimmermann ouvre de vastes perspectives de répertoire: la musique de Bach et ses fils, celle de Telemann et des virtuoses et compositeurs de l'orchestre de la Chapelle de Dresde, ainsi que les œuvres des principaux compositeurs européens - dont la musique circulait alors sous forme de partitions copiées, transcrites, ou simplement exécutées par les chanteurs et instrumentistes itinérants de passage à Leipzig.

Pour la petite histoire, cette mode des Cafés a perduré et à l’université. Dans "Géographes en pratiques"de Gilbert Nicolas (Presses universitaires de Rennes), on lit un récit du voyage de De Martonne en Allemagne et en Autriche en 1897 pour y voir le fonctionnement de la géographie universitaire. "A Leipzig, le Geographischer Abend, soirée géographique universitaire, qui a lieu une fois par mois, se déroule à l'étage d'une des grandes brasseries de la ville le Thüringerhof. On y vient écouter le compte-rendu d'une expédition scientifique, la présentation d'un livre ou les travaux d'un doctorant."

 

 

Voilà donc l'ancêtre véritable des Cafés géographiques et on peut se réclamer à Saint-Dié d'une tradition qui remonte au XIXème siècle et vieille de plus de cent ans. A Berlin et à Vienne il y avait aussi des conférences dans une enceinte universitaire. Ensuite les participants se rendaient dans une Kneipe (un bistrot), pour prolonger les discussions et boire de la bière.

 

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Publié dans Clara

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L
tout en sirotant un p'tit café corsé
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A
lire ces articles en musqiue c'est un délice, décidemment ce blog est magique
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