Un tuyau de première bourre

Publié le par m

On va pas assez au café. On n'écoute plus les turfistes se raconter entre eux comment ne pas voir et comment apprécier que le temps avance. Comment ne pas voir comment écouter quelque chose comme le bruit du temps. Composer, entre café et boissons, cigarettes et regards, le tickos qui constituera la chance de recevoir tout à trac la fortune et la vie. On avance ses tuyaux ses supputations improbables. Comme si le réel pouvait être constitué, ou le futur, ou, dopés. On cherche sa martingale, à soi, à plusieurs. On ordonne les numéros. On les regarde trotter, les vrais ; puis la première course est à quelques instants du départ, quand on peut encore valider. L'adresse compte alors de la buraliste à bien estampiller le carton. On se rassoit. L'a-t'on bien descendu. Attendre-voir. Il disait ça quelque part. Attendre-voir. Je crois que c'était elle. On va bien voir. La brume semble sortir du dos de chaque animal. Vincennes. Piste en cendrée. Pour un peu ce serait aussi quelques pas ou chanson d'Yves Montand et rumeurs de Cow-boy sur feux ouatés et prairies qu'on croirait voir. Reste la fumée. Les mots les commentaires à blancs pour qui n'entrave que pouic. Paraît-il qu'y a des chaînes pour ça, maintenant. Pas seulement le dimanche. Toute la semaine aussi. On écoute les mots les litanies, les irréffutables déboires, ceux qui partent à la faute. Temps en temps les jockeys ou les chevaux. Souviens-toi d'Anna Karénine. De cette course qui semble parcourir à chaque instant tout le roman, miroir qui se promène tout le long de la piste, qu'ils disaient. Tu parles, photo finish. Certains gagnent. Plus sûr qu'ailleurs. Pas sûr.

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Je sais pas trop avec les mots. certains s'y essayent. On parie rien avec les mots. Sa vie. Ecoutez. On peut toujours essayer. Il s'appelle Valère Novarina. Pas lui, l'autre. C'est tous les matins de cette semaine sur France Culture je crois, à 11h30, je crois que ça s'appelle "A voix nue". (Comme elle). Y'a des chevaux, aussi. Je crois que c'est encore une autre manière de les entendre (les mots, le monde, les hommes). Une fois, à Marseille, y'avait une pièce et c'était tellement beau que dehors, quand tout le monde - et l'acteur -, est sorti, y'avait comme de la neige. De la neige. Pis des chevaux faut regarder les yeux, le monde qu'ils balladent avec eux - la douceur, la neige -, pas quand ils courent, mais quand ils sont sauvages. Comme les mots, disaient-elle.

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B
On parie tout sur les mots : on les pouline, on les élève, on les met auprès, au vert, au carré dans nos petits paddocks cérébraux, on les fait courir, on les entraine à aller plus loin, puis ils se lancent, ils tournent, une fois, deux fois, sept fois en nous, hors de nous...Dans quel ordre arrivent-ils ? Qui croient en eux ? Qui sait pourquoi il y en a des bons et des mauvais, les meilleurs sont-ils vraiment les premiers ? Y a-t-il de la place pour les bourrins dans l'écriture ? Les mots tous du pur sang, jusqu'à se vider, à parier tout sur eux, tout.Le bruit du temps : j'adore ce quarté ! Et dans le désordre  : le temps du bruit.Moi j'avais parié sur "elle" : et, même dernière,  "elle" a fini par arriver...
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A
Ce monsieur m est un poète. Je l'adore.Adeline
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C
AH là je sais ! C'est une photo tirée des Désaxés, le personnage joué par Marilyn s'appelle Roslyn Taber, je le sais parce que j'en parle dans mon texte sur le boléro de Ravel, souvenez-vous.Moi j'adore les cafés, hélas avec des enfants c'est pas facile facile...
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