Dirpadir
Direlirelire.- Alors, qu'est-ce que t'as fait ce matin ?
- Oh je me suis reposée, ça m'a fait du bien.
J'ai essuyé de mon mouchoir la vitre embuée, il était dix heures et quart. J'y ai perdu mon regard. Le ciel était bleu griffé de blanc, effiloché, infini de pointillés. Camaïeu du foncé au zénith au clair à l'horizon. Trois signes au loin agitaient leurs parenthèses, j'en choisis un au hasard et le suivis. Il se battit légèrement contre le vent, certain d'en découdre, avant de rejoindre une foultitude de congénères, sur le toit d'une tour aux briques grises et blanches. Chaque seconde voyait des ailes s'élever ou se rapprocher ou tournoyer autour de la colonne de mon esprit. Tu vois, c'est cela que j'ai fait de plus important ce matin, cette délicieuse contemplation, cela a duré dix bonnes minutes. Tu vois, comment puis-je te le dire ?
- Et toi ?
- Oh moi, je me suis baladé.
Moi, j'ai marché le long des rues, des chemins, des traverses et des champs. J'ai laissé les ronces griffer mes poings serrés. J'ai soudain perçu un chant, il était pur et signifiant. Il perça mon coeur, ce chant d'oiseau, ce trille, cette ritournelle. Il enveloppa mon âme et déplia mes doigts plantés dans la paume de mes mains. Je les plaçai devant moi et vis l'empreinte des ongles comme des parenthèses imprimées dans la chair. Si je bougeais les doigts elles bougeaient semblables à des ailes en plein vent. J'ai continué ma promenade l'esprit dénoué par ce simple chant d'oiseau. Je n'ai soudain eu qu'une tristesse : ne pas reconnaître le nom de ce virtuose animal. Tu vois, c'est ce que j'ai fait ce matin, mais comment puis-je te le dire ?
- A quoi penses-tu ?
- A rien. Et toi ?
- ...