Le sens de la vie

Publié le par Clara

PieterClaesz-Vanitas.jpg
La vie a-t-elle un sens ? C'est peut-être bien l'essence de la philosophie. Ou de la psychanalyse, ou encore de la religion, comme on veut. On passe peut-être forcément par l'un et par l'autre, à un moment de sa vie, puis on s'y accroche ou on abandonne, suivant les sensibilités.
Je n'ai été freudienne que peu de temps. Disons jusqu'à 10 ans. Vers cet âge-là, je me suis rendue compte de la médiocrité de mes parents. Abasourdie devant mon père qui choisissait un caniche au lieu d'un labrador, et qui notait chaque résultat du loto dans un cahier à spirales pour en faire ensuite des statistiques fumeuses en vue de trouver un jour béni la formule gagnante, je décidai que mon Oedipe était terminé, et même depuis longtemps. C'est très pratique de tuer le père avant 10 ans, comme ça on est débarrassé. Avec ma mère, ce fut plus compliqué. Elle avait quelques côtés qui avaient l'heur de m'émouvoir. Par exemple, elle aimait beaucoup les fleurs et les plantes, même si j'eus aimé que ce goût fut un tantinet plus japonisant. Et puis elle découpait consciencieusement les boîtes de chocolat que l'on recevait à Noël, celles qui étaient ornées d'une reproduction de tableau de maître. C'était souvent du Renoir ou du Van Gogh. Elle les encadrait avec grand soin, puis en ornait les murs de la maison. C'était intéressant que cela changeât chaque mois de janvier, un peu comme un blog au ralenti, mais quand même. J'ai donc grandi entourée de boîtes de chocolat et de géraniums. J'avais quelque mépris orgueilleux pour ces cartons encadrés aux couleurs ternes, mais je me dis aujourd'hui que c'était un musée virtuel comme un autre, au fond. Et pour finir, elle soupirait souvent : ah, j'étais très bonne en rédactions. Comme elle avait dû quitter le foyer pour travailler à 14 ans, elle n'avait pas pu, pas su développer ce don.
Un freudien prendrait un air profond pour m'annoncer que je me suis donnée comme mission de réaliser les rêves de ma mère, ce à quoi je répondrais que c'est très dommage de gâcher tant d'intelligence à énoncer autant d'évidence, et que d'abord moi les plantes et les fleurs, je m'en fiche éperdument, mon dieu ça ne gémit même pas quand ça a soif.
Car quand je quittai Freud à 10 ans, je m'en remis à Dieu. Je décidai de réciter le Notre Père tous les soirs. Je vous l'accorde, j'ai sans douté été influencée par Laura Ingalls que j'adulais. Il n'empêche. J'avais à l'époque un orgueil bien plus démesuré qu'aujourd'hui - c'est dire-, sans doute à cause de la découverte de la médiocrité parentale, donc. Déjà étonnée face aux mystères de la génétique (c'est sans doute pour ça que je n'ai jamais rien compris en biologie), je décidai que j'allais les braver plus encore en devenant belle et intelligente. Tout le contraire de mes parents. Oui, Freud, je sais, allez, foin de psychomachin, on a compris. A vrai dire, belle, j'y renonçai vite, la tâche me semblant au-dessus de ma propre volonté, j'en conçus des regrets modérés, car intelligente j'y croyais pas mal. Je récitais donc le soir, dans le secret de mon dessus de lit en chenilles abîmées, cette prière :

Notre Père qui es aux Cieux (je n'allais pas jusqu'à le vouvoyer)
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
patati patata
Faites que Philippe m'adresse un sourire demain
Et que j'aie un 20 sur 20 en sciences physiques.
Ah, et paix sur terre, s'il te plaît
Et que l'administration soit plus douce.


J'ignore pourquoi mais je faisais une fixette sur l'administration en général, je la trouvais dégénérée. Incroyable que je sois devenue fonctionnaire (Freud, tais-toi).
Je m'aperçus après deux ou trois ans de piété sans faille que point de paix n'envahissait la terre et que l'administration ne s'arrangeait guère. Cependant j'avais eu droit à quelques sourires de Philippe et à pas mal de 20 sur 20. Sans doute parce que j'avais bien travaillé, et que je me lavais les cheveux tous les deux jours. Je me rendis compte que dieu était un sacré charlatan. Si je ne pouvais obtenir que ce qui ne dépendait que de moi, à quoi servait-il ? Je tuai dieu illico.
Je me retrouvai ainsi seule, sans Freud ni Dieu. Alors je lus Also sang Zarathoustra (j'adore la mélodie du titre original), ce qui ne m'empêcha pas de mourir de rire lorsque je lus quelque part cette inscription ;

Dieu est mort
signé Nietzsche
Nietzsche est mort
signé Dieu.


Parce qu'on n'est jamais sûrs de rien, n'est-ce pas ? Je n'y compris pas grand-chose vu mon jeune âge, mais cela m'enthousiasmait quand même, allez savoir pourquoi. J'adorais la notion d'übermensch.
Je ne me dis pas comme ça soudain, tiens je vais remplacer Freud ou Kant et dieu par de la philosophie, parce que j'ignorais ce qu'était la philosophie. Est-on jamais conscient de philosopher ? On pense, on observe, on médite et on réfléchit, voilà tout. Paradoxalement, tout cet orgueil monstrueux qui me plaça au-dessus de mes parents, de la psy-truc ou de toute théologie me rendit peu à peu très humble. Car seule, on se sent toute petite face aux mystères de l'univers. Si on commence à tenter de les résoudre de façon simpliste en convoquant Psy et Théo, on peut développer toute la folie qui dort en chacun de nous. C'est facile lorsqu'on arbore un bouclier fait d'une barbe sérieuse ou de mains cloutées ensanglantées. Mais lorsqu'on n'arbore rien du tout, il faut bien se rendre à l'évidence : on est peu de choses, mais on est aussi tout, et il faut l'assumer seul, ça. Ce fut l'époque où je m'émerveillai de tout : d'un bouton de fleur qui éclot, de la course des nuages, de l'odeur de la nature au petit matin, de la couleur du monde, mais aussi des postures humaines en tout genre. J'observai les gens avec une acuité involontaire. Je notai leurs bassesses et les miennes en même temps. Il faut peu d'indulgence envers soi-même pour pouvoir accepter celles de l'humanité, car tout est dans tout, et moi dans le reste.
Je pense que j'ai continué mon cheminement dans ce sens-là, je ne crois pas avoir perdu beaucoup de temps, pour la bonne raison supplémentaire que, je ne vous l'ai pas dit mais j'ai aussi une extrême conscience du temps qui passe. A vrai dire, je m'imagine assez souvent en vieille mémé de quatre-vingt dix ans, ou même carrément au moment de ma mort, lorsque quelques secondes plus tard il n'y aura plus rien. Parce que je sais qu'après il n'y a rien. Je l'accepte comme le reste, et je dois dire que cela m'emplit même parfois de joie incompréhensible. C'est cette certitude qui me fait demander plus haut : quel est le sens de la vie ?
Le sens de la vie, je crois que ce sont les moments de pur bonheur qui s'achèvent forcément. Ils sont brefs mais beaux. Le sens de la vie, c'est l'espoir inextinguible qu'il y en aura d'autres, et qu'ils s'achèveront aussi. Le sens de la vie, ce sont des nuages roses et le trajet d'un oiseau qui défie les lois mathématiques. Mais ce sont aussi les lois mathématiques, superbes de sérénité, ou les lois des notes de musique. C'est, assemblées, ces notes formant une mélodie qui emporte le coeur. C'est, agencés, des mots comme des vagues de sens, c'est la perfection d'un geste, d'un instant ou d'un regard. C'est la poésie d'un instant, sans cesse renouvelée. C'est l'attention portée sur un caillou brillant lorsqu'alentour tout n'est que douleur ou cruauté. C'est la lucidité sur la petitesse de l'humain mais aussi ses grandeurs fulgurantes. C'est un scarabée doré dans la menotte d'un enfant. C'est la peinture hollandaise ou les corps de Schiele. C'est Glenn Gould et Eryka Badu, c'est Hugo Pratt et Baudoin, Proust et Dostoïevski, Woolf et Duras, Lynch et Godard, et c'est aussi nous
ici et ailleurs.
C'est drôle, j'ai furieusement envie de sushis dans un resto japonais aux lignes épurées.

Publié dans Clara

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Je relis un peu, et comprends mieux pourquoi j'ai été séduite, un jour, par Zarathoustra. Voici Du grand désir. O mon âme, je t'ai appris à dire "aujourd'hui", comme "autrefois" et "jadis", et à danser ta ronde par-dessus tout ce qui était ici, là et là-bas. O mon âme, je t'ai délivrée de tous les recoins, j'ai éloigné de toi la poussière, les araignées et le demi-jour. O mon âme, j'ai lavé de toi toute petite pudeur et la vertu des recoins et je t'ai persuadé d'être nue devant les yeux du soleil. Avec la tempête qui s'appelle "esprit", j'ai soufflé sur ta mer houleuse ; j'en ai chassé tous les nuages et j'ai même étranglé l'egorgeur qui s'appelle "péché". O mon âme, je t'ai donné le droit de dire "non", comme la tempête, et de dire "oui" comme dit "oui" le ciel ouvert : tu es maintenant calme comme la lumière et tu passes à travers les tempêtes négatrices. O mon âme, je t'ai rendu la liberté sur ce qui est créé et sur ce qui est incréé : et qui connaît comme toi la volupté de l'avenir ? O mon âme, je t'ai enseigné le mépris qui ne vient pas comme la vermoulure, le grand mépris aimant qui aime le plus où il méprise le plus. O mon âme, je t'ai appris à persuader de telle sorte que les causes mêmes se rendent à ton avis : semblable au soleil qui persuade même la mer à monter à sa hauteur. O mon âme, j'ai enlevé de toi toute obéissance, toute génuflexion et toute servilité ; je t'ai donné moi-même le nom de "trêve de misère" et de "destinée". O mon âme, je t'ai donné des noms nouveaux et des jouets multicolores, je t'ai appelée "destinée", et "circonférence des circonférences", et "nombril du temps", et "cloche d'azur". O mon âme, j'ai donné toute la sagesse à boire à ton domaine terrestre, tous les vins nouveaux et aussi les vins de la sagesse, les vins qui étaient forts de temps immémorial. O mon âme, j'ai versé sur toi toutes les clartés et toutes les obscurités, tous les silences et tous les désirs : — alors tu as grandi pour moi comme un cep de vigne. O mon âme, tu es là maintenant, lourde et pleine d'abondance, un cep de vigne aux mamelles gonflées, chargé de grappes de raisin pleines et d'un brun doré : — pleine et écrasée de ton bonheur, dans l'attente et dans l'abondance, honteuse encore dans ton attente. O mon âme, il n'y a maintenant plus nulle part d'âme qui soit plus aimante, plus enveloppante et plus large ! Où donc l'avenir et le passé seraient-ils plus près l'un de l'autre que chez toi ? O mon âme, je t'ai tout donné et toutes mes mains se sont dépouillées pour toi : — et maintenant ! Maintenant tu me dis en souriant, pleine de mélancolie : "Qui de nous deux doit dire merci ? — n'est-ce pas au donateur de remercier celui qui a accepté d'avoir bien voulu prendre ? N'est-ce pas un besoin de donner ? N'est-ce pas — pitié de prendre ?" — O mon âme, je comprends le sourire de ta mélancolie : ton abondance tend maintenant elle-même las mains, pleines de désirs ! Ta plénitude jette ses regards sur les mers mugissantes, elle cherche et attend ; le désir infini de la plénitude jette un regard à travers le ciel souriant de tes yeux ! Et, en vérité, ô mon âme ! Qui donc verrait ton sourire sans fondre en larmes ? Les anges eux-mêmes fondent en larmes à cause de la trop grande bonté de ton sourire. C'est ta bonté, ta trop grande bonté, qui ne veut ni se lamenter, ni pleurer : et pourtant, ô mon âme, ton sourire désire les larmes, et ta bouche tremblante les sanglots. "Toute larme n'est-elle pas une plainte ? Et toute plainte une accusation ?" C'est ainsi que tu te parles à toi-même et c'est pourquoi tu préfères sourire, ô mon âme, sourire que de répandre ta peine — répandre en des flots de larmes toute la peine que te cause ta plénitude et toute l'anxiété de la vigne qui la fait soupirer après le vigneron et la serpe du vigneron ! Mais si tu ne veux pas pleurer, pleurer jusqu'à l'épuisement ta mélancolie de pourpre, il faudra que tu chantes, ô mon âme ! — Vois-tu, je souris moi-même, moi qui t'ai prédit cela : — chanter d'une voix mugissante, jusqu'à ce que toutes les mers deviennent silencieuses, pour ton grand désir, — jusqu'à ce que, sur les mers silencieuses et ardentes, plane la barque, la merveille dorée, dont l'or s'entoure du sautillement de toutes les choses bonnes, malignes et singulières : — et de beaucoup d'animaux, grands et petits, et de tout ce qui a des jambes légères et singulières, pour pouvoir courir sur des sentiers de violettes, — vers la merveille dorée, vers la barque volontaire et vers son maître : mais c'est lui qui est le vigneron qui attend avec sa serpe de diamant, — ton grand libérateur, ô mon âme, l'ineffable — pour qui seuls les chants de l'avenir sauront trouver des noms ! Et, en vérité, déjà ton haleine a le parfum des chants de l'avenir, — déjà tu brûles et tu rêves, déjà ta soif boit à tous les puits consolateurs aux échos graves, déjà ta mélancolie se repose dans la béatitude des chants de l'avenir ! — O mon âme, je t'ai tout donné, et même ce qui était mon dernier bien, et toutes mes mains se sont dépouillées pour toi : — que je t'aie dit de chanter, voici, ce fut mon dernier don ! Que je t'aie dit de chanter, parle donc, parle : qui de nous deux maintenant doit dire — merci ? — Mieux encore : chante pour moi, chante mon âme ! Et laisse-moi te remercier ! —   Ainsi parlait Zarathoustra.
Répondre
C
Je me suis demandé d'où ça me venait ce also sang au lieu de sprach, bizarre quand même, alors j'ai fait mes petites recherches, et bingo ! Par deux fois, Nietzsche a écrit, à la fin du poème, also sang Zarathoustra, et non sprach. Ainsi Zarathoustra chantait, et ça, ça m'avait bien plu. J'ai retrouvé Le chant de la danse, mais je ne vais pas le copier ici car il est hélas d'une mysoginie achevée. Ah, Zarathoustra, tu chantais parfois faux !Mais voici Sur le mont des oliviers :Comment sauraient-ils supporter mon bonheur si je ne mettais autour de mon bonheur des accidents et des misères hivernales, des toques de fourrure et des manteaux de neige ? — si je n'avais moi-même pitié de leur apitoiement, l'apitoiement de ces tristes envieux ? — si moi-même je ne soupirais et ne grelottais pas devant eux, en me laissant envelopper patiemment dans leur pitié ? Ceci est la sagesse folâtre et la bienveillance de mon âme, qu'elle ne cache point son hiver et ses vents glacés ; elle ne cache pas même ses engelures. Pour l'un la solitude est la fuite du malade, pour l'autre la fuite devant le malade. Qu'ils m'entendent gémir et soupirer à cause de la froidure de l'hiver, tous ces pauvres et louches vauriens autour de moi ! Avec de tels gémissements et de tels soupirs, je fuis leurs chambres chauffées. Qu'ils me plaignent et me prennent en pitié a cause de mes engelures : "Il finira par geler à la glace de sa connaissance ! — c'est ainsi qu'ils gémissent. Pendant ce temps, les pieds chauds, je cours çà et là, sur ma montagne des Oliviers ; dans le coin ensoleillé de ma montagne des Oliviers, je chante et je me moque de toute compassion.-   Ainsi chantait Zarathoustra.
Répondre
C
Je ne sais pas, Precy. Et surtout, je ne sais pas si c'est le bon regard ! Si on y réfléchit bien, il peut paraître très froid, ce regard-là. Je n'aime pas mes parents comme il est de bon ton de les aimer. Il m'arrive de paraître égoïste aux yeux de certains. Je trouve très beau, et je suis très sensible à l'amour superbe que portent certains à leurs parents, comme Lynda Lemay qui parle de son père. C'est très beau. Très humain. Moi, je porte aujourd'hui un regard attendri sur les miens, dans le sens où je les comprends. Ils n'ont pas eu une vie facile, parce que la vie n'est pas facile, et toutes leurs erreurs découlent de là. Comment leur en vouloir ? Je pense qu'ils ont été bien malheureux, et j'ai beaucoup de compassion pour cela. Je les vois comme des humains, ni plus ni moins. Un détachement, donc, comme tu disais, qui, s'il me prive peut-être d'une sorte d'amour que j'ignore, m'évite peut-être un attachement aliénant. Mais tout cela n'a pas été pensé, c'est ainsi.
Répondre
P
"also sprang Z" c'est bien aussi, mixte des deux (en tout cas, l'illustre bernard P n'a pas moufté pour t'aider là)petit dej rapidequand même, clara, c'est pas donné à tout le monde, ce type de regard
Répondre
C
Si je suis sûre pour quoi, concernant Nietzsche ? Qu'il est bien mort ?En fait je me suis trompée, c'est also sprach Zarathoustra. Sinon je ne suis sûre de rien d'autre, je ne l'ai pas bien compris à l'époque où je l'ai lu, et je ne l'ai pas relu depuis. M, je comprends, je crois, ce que tu veux dire, il ajoute ce qui manque à ce que j'ai voulu signifier, les devenirs les mouvements la générosité les rencontres. Mais moi j'ai toujours dû mettre des mots sur ce qui m'arrivait, et même sur davantage, c'était comme une question de survie, ce qui fait que moi à l'inverse je me suis surfictionnée, sans doute. Au bout du compte, le résultat a sans doute été le même : une impression de survoler le réel, de tant le distordre qu'il n'avait plus de... réalité. La vraie réalité, comme tu dis, n'était plus, ne sont plus que les devenirs.Réponse à Precy : c'est drôle, je n'ai pas parlé de collection, non non je n'ai jamais vu de manie de ce type chez mes parents. Les tableaux-boîtes de chocolat, c'était juste pour décorer, voilà tout. Oui pour le détachement, mais encore une fois tout est si distordu. La mémoire est une traîtresse, les mots de mes journaux intimes sont pires encore. J'ai fait de mes parents ce que j'en ai voulu, et aujourd'hui tu y as décelé une pointe de ridicule. Peut-être, je ne le voyais pas avec ce sentiment. Pas cette fois-ci en tout cas. Du mépris, peut-être, oui, mais c'était pour mieux mettre en avant mon détestable orgueil. Mes parents n'ont pas tellement de réalité non plus, comme le reste. Ils existent, voilà tout. Lorsque je pense à eux, ce n'est plus jamais par rapport à moi. Ce qui fait que j'ai ce sentiment détaché que tu dis. Je ne leur en veux pour rien, je leur dois pas mal de choses, mais pas beaucoup plus. Lorsque je pense à mon enfance, ils sont là bien sûr, mais ils changent constamment, ils sont des matières mouvantes aux personnalités changeantes. Je n'en ai aujourd'hui évoqué qu'une ombre, qui d'ailleurs n'est peut-être que le fruit de mon imagination. Tout comme tout ce que je raconte.Je reviens à ce qu'a écrit m : tu ne pouvais mettre un mot sur ce qui t'arrivait, mais moi j'avais besoin des mots car je ne savais pas ce qui m'arrivait. Il m'a longtemps été impossible de dire si j'aimais ceci ou cela, seuls les mots étaient présents, avaient une réalité propre, un goût et une odeur. Sinon oui, Precy, explique-nous ce que tu penses de Dieu.
Répondre