David...

Son magasin était mitoyen du bar tabac de Loule, alors évidemment toute discussion entamé au bar finissait inévitablement dans on magasin. David était le propriétaire de ce magasin de meuble, en théorie, car ce lieu servait essentiellement de rencontre aux personne habitant le quartier. On parlait fort, très fort, quasiment toutes les discussions commençaient doucement en français et finissait en hurlant en arabe. David était Marocain, le commerce il l’avait appris là bas, quand un client arrive on parle des heures et des heures avec lui, on peut même lui offrir un thé, alors vu comme ça c’est sur des meubles il n’en vendait guère. Il n’était pas rare qu’il me laisse seule au magasin pour aller soit disant faire une course, en réalité, il allait jouer à la belote avec d’autres potes. Je me retrouvais vendeur de meubles, je n’y connaissais rien, alors je donnais des prix au hasard. Il avait un canapé qui faisait face à la rue, on s’y asseyait et comme il disait « on attend ». C’était devenu quasiment un pèlerinage, après le café au bar tabac on allait chez David. Je l’ai revu il y a quelques jours, depuis il a vendu, c’est devenu un vrai magasin, plus personne n’y va, de toute façon le canapé n’y est plus. Il m’a dit : « tu sais depuis que j’ai vendu, je ne suis plus jamais repassé par cette rue, j’en suis incapable, rien que d’y penser j’ai envie de pleurer ».

Je reconnais que moi aussi parfois quand j’y repense j’ai envie de pleurer.