Square Vador

Publié le par manad

Au square Vador, à Marseille, on voyait toutes sortes de choses. Pas comme au parc Monceau, c'était pas du tout ça.

Y'avait un toboggan rouge et deux pauvres chevaux, du type à ressort. Une sorte de tartan par terre et un banc, parfois, quand il n'était pas sale (pas souvent). On essayait d'y faire jouer des enfants, à peine sortis des salles de classe. On y arrivait, parfois, parfois on rentrait... on s'était rencontré, on s'était dit bonjour pourtant, on avait défendu quelque chose, qu'on pouvait encore faire quelques pas dans la ville, que les enfants pouvaient encore jouer ensemble, qu'on pouvait soutenir l'un ou l'autre, discuter de comment faire pour que ce soit autrement, au moins pour un temps.

La vie a pris le dessus, on s'est quitté comme les enfants l'ont fait aussi. Il est resté un nom, ce nom si bizarre dessiné en creux par la ville, peut-être ce drôle d'escalier ou l'autre banc maintenant je m'en souviens il y en avait deux. Ce n'était pas un espace vert, ni sombre, un espace de la vie commune pour ce qu'il en restait, et ce nom comme inventé pour faire revivre sans idéaliser ce qu'on y avait fait.

Jouer des enfants, faire semblant qu'ils aient une vie normale, heureuse, presque qu'ils entendent les chants des oiseaux, qu'ils ne voient pas tout ce qu'on y voyait. Qu'ils voient aussi tout ce qui est possible pour peu qu'on y tienne, pour peu qu'on puisse encore un peu se tenir les coudes. Ce serait encore plus beau qu'avant, on irait voir la mer, elle n'était pas bien loin mais bien inaccessible, on voyait un navire de la rue. Il faudrait faire très fort, il faudrait continuer, et continuer avec eux.

On continue. 

Publié dans Qui sommes-nous

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article