La vague - 2

Publié le par m

On parle pas mal de handicap, de fleuriste, d'amour, ces temps-ci. Ca porte un nom je crois...

Ca s'appelle "Les lumières de la ville". C'est la dernière scène.

Y'a le handicap, l'absence de handicap - c'est tout un -, elle revoie de nouveau, maintenant, le vagabond - ou plutôt un homme assez riche pour le faire - lui a payé son opération, offert une nouvelle vie. Dans son magasin de fleur, un miroir lui sert maintenant à se regarder.

Le vagabond - Charlot -, peine purgée, repasse par là ; même plus le mannequin dénudé qui le faisait rêver dans la vitrine d'à côté. Presque plus rien. Plus bas que jamais... les petits marchands de jounaux à la criée ne cessent de l'humilier encore.

Elle, ne cesse d'attendre, pourtant, de penser, à qui était cet homme - qu'elle imagine riche, une sorte de Lord, - qui lui a offert la vue, et l'amour, dans sa générosité. L'espace des sensations - love streams, dirait Cassavetes, - et celui du regard ne coïncident pas, elle est - encore - aveugle.

Le vagabond, poursuivant son chemin, la reconnait bientôt, à travers la vitrine, ne la touche pas malgré son air à lui, effaré. Qui peut-il être. Elle s'en moque.

C'est en lui offrant une fleur, puis une pièce que, lui effleurant la main - "le plus profond c'est la peau", disait Valéry, - elle entre de nouveau dans l'univers des sensations, du coeur. Vague, c'en est une. Ni plus aveugle, ni seulement regard, mais voyante : "I can see now".

L'un et l'autre se rencontrent, leur univers s'est renversé. Il découvre son regard elle regarde ce qu'il est et ce qu'était leur amour. Sa force. Et il en faut pour renverser ce que dicte l'espace de la différence, son handicap à lui, maintenant, le premier regard.

Une possibilité est offerte, vue et sensations coexistent, l'un dans l'autre, l'un entraînant l'autre, dans la recognition, la possibilité de reconstruction de leur histoire. Pur présent.

Pas tout-à-fait, cependant, il y a comme une dernière inquiétude dans le dernier regard de charlot ; cette possibilité, la possibilité de l'ajointement de toute chose - ce nouveau monde -, c'est en effet le spectateur qui le porte ; la manière dont il va l'emporter dans sa vie pour son propre compte ; passer de l'autre côté du miroir. Lui-même. Et le monde avec lui.
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A
Avec "Gorge profonde" quand même, Ad, souviens-toi.Aimé B.
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M
Nonon, Tout ça pour voir Ad  Tsstss...C'est bien une scène du film (on voit bien déjà qu'il s'agit d'une histoire de regard...), mais pas la scène finale.Aaaah dommage
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S
Ce sera 1 p'tite noisette, stp M... 
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A
les lumières de la ville et eléphant man sont les seuls films à m'avoir arrachés quelques larmes. Merci M, pour ce clin d'oeil.
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M
Merci, G, un café-verre pour qui nous donne une photo de la scène.(C'est une scène merveilleuse). S'adresser à Ad qui est en train de mater le foot derrière le bar.Mais bon, y'a déjà charlot avec nous.
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