Le tremblement de terre rue de la République

Publié le par m

Ca faisait un an et demi que je n'avais plus mis les pieds rue de la République et là personne ne m'a prévenu du tremblement de terre, de ce qui s'est passé pour enlever autant de vie dans cette artère, et artère est un bien grand mot. Y'a presque plus rien ; on imagine la force qu'il a fallu pour réaliser cet exploit. Je pense que c'est sûrement le Progrès, ou pas loin. Plus que des facades défonçées, ternies, juste les nanas des agences immobilières qui ont l'air de se frotter les mains, rigolardes. Le reste en plan, comme d'habitude, et c'est dommage pour la ville, qui est quand même un lieu comme rarement sous le soleil. Pour le reste... je suppose qu'ils vont apporter une rue préfabriquée de quelque sombre lieu, une fois qu'ils seront bien certains de la réalité du "changement d'image" qui nous vaut cette honneur. Sinon drôle de retourner par là où on connaît presque trop bien chaque pierre ; y'a un "bougé" mais là comme imperceptible, à part la rue, ce décallage, comme dans Alice dans les ville, de Wenders, ou se superposent quand on n'y croyait plus, deux images (ici c'est une photographie, là c'est le corps ou la marche qui assure le développement), c'est la fiction du temps, qui s'effectue dans un corps, un intervalle quand on n'y croyait plus - autrement, c'est à dire, quand tout cela était déjà très loin, et terriblement proche. Ce bougé c'est l'écart ; ce qu'on a perdu et ce qu'on cherche, par devers soi : la lumière, les odeurs... la mémoire qui renverse (ce qu'on pensait qu'il allait se passer, qui était beau ; ce qui se passe, qui n'est pas mal, mais autrement, déjà ; et quelque chose comme l'intervalle, qui est une faille.)
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