C
C’est comme si une brèche s’était ré-ouverte. Elle trace un long sillon tantôt rouge sang, tantôt bleu pâle, le long de son âme. Elle a reconnu l’euphorie de respirer un autre corps, puis la frénésie de l’étreindre… Et cette évidence l’a frappée pour de bon, en plein dans son vol chaste et régulier qui la tenait hors de portée des élans des dangers… La voici haletante désorientée terrifiée prostrée à nouveau dans une tanière qui ne lui est plus familière. Un chardonneret au bec croisé (Luke pour les intimes) est mort. Elle a pris sa place dans la cage. Parfois on lui ouvre la porte et elle s’enfuit, dispersant joyeusement son corps aux quatre vents. Puis le retour, toujours, éreintée mais comme apaisée au bercail des oiseaux volages. Une respiration, et à nouveau et très vite, les barreaux se font oppressants, et le besoin de cette présence, de l’autre devient étouffant…
Il y a une évidence : sous peu toutes ses impatiences seront apaisées, elle le sait, il suffirait d’attendre, peut-être même de ne rien provoquer, qui sait…